1 jour, 1 Diable: J-F Gillet aurait pu devenir un grand gymnaste
Chaque jour jusqu’au 13 juin, nous vous proposons de découvrir un Diable sous un nouveau regard. Aujourd’hui, les parents de Jean-François Gillet nous révèlent le passé inconnu de leur fils.
- Publié le 26-05-2016 à 11h09
- Mis à jour le 26-05-2016 à 11h49
Chaque jour jusqu’au 13 juin, nous vous proposons de découvrir un Diable sous un nouveau regard. Aujourd’hui, les parents de Jean-François Gillet nous révèlent le passé inconnu de leur fils. Jean-François s’apprête à vivre un merveilleux mois de juin. Tout d’abord parce qu’il devrait y officialiser son prochain transfert vers le Standard, là où il a toujours rêvé d’endosser le statut de numéro un, et grâce à une première convocation pour un grand tournoi international . Un accomplissement pour lui, qui n’a jamais refusé une sélection même lorsque les Diables enchaînaient les défaites, mais surtout une revanche après avoir raté la dernière Coupe du Monde à cause d’une suspension ombrageuse suite à une implication plus que lointaine dans une affaire de matches truqués en Italie.
Cet Euro , il aurait également très bien pu le louper. Pourquoi ? Tout simplement parce que durant son enfance, le gardien liégeois était doué dans un autre sport : la gymnastique. "Il combinait les entraînements de foot et gym. Cela ne lui laissait pas beaucoup de temps pour ses études" , explique Jean, son papa. "Il partait deux heures les lundi, vendredi et samedi pour suivre les séances de gym. Cela représentait beaucoup d’investissement."
Apparemment, les poutres et anneaux n’avaient pas de secret pour lui. "Il était doué, c’est certain" , enchaîne sa maman, Martine. "Il a été vice-champion de Belgique durant sa jeunesse et je pense même qu’il aurait pu s’emparer de la première place, mais le jury n’était pas très neutre et a soutenu son concurrent. Lorsqu’il a dû choisir entre le football et la gymnastique, un responsable est venu nous trouver pour nous avertir qu’il y avait une chance qu’il soit sélectionné pour les Jeux Olympiques mais bon, il est difficile de faire carrière dans la gym en Belgique…"
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Ces bases lui ont, tout de même, permis de progresser en tant que footballeur. "Je suis certaine que c’est grâce à toutes ses heures d’entraînement qu’il a gagné en souplesse" , poursuit Jean. "Il était également très à l’aise avec un vélo. Lorsqu’il était petit, nous avons déjà monté plusieurs fois le Mont Ventoux et il me lâchait facilement. Il ne prenait même pas de bidon aux ravitaillements; c’était une tête brûlée."
Sportif dans l’âme, Jean-François Gillet a rapidement choisi le football, avec une certaine réussite. "On jouait souvent ensemble. La porte de garage servait de but et lui plongeait sur le béton" , sourit Jean.
"Un jour, un de nos voisins a repeint un mur et a vu des traces de sang dessus. Il était certain qu’il appartenait à Jean-François tant il plongeait tout le temps" , rigole Martine.
Le futur Rouche a baigné dans le monde du football dès son plus jeune âge. Tous les week-ends, il suivait les prestations de son papa. "Il est né un jeudi et le dimanche, il était déjà au bord d’un terrain de foot. Je devais même dire aux autres mamans de ne pas trop crier quand il y avait un but pour ne pas qu’elles le réveillent ! Il était devenu notre coqueluche."
"Une sacrée bande avec Bisconti, Mpenza et Remacle"
S’il n’est pas resté de longues années en bord de Meuse, Jean-François Gillet a eu l’occasion de s’y faire de vrais potes. "Il a connu une année extraordinaire avec Emile (Mpenza), Remacle, Bisconti et Habran" , se souvient Martine. "De temps en temps, ils revenaient tous ensemble chez nous pour manger à midi. Ou alors, ils venaient se reposer mais alors qu’ils étaient censés faire la sieste, on les entendait retourner les lits."
Ce qui lui a parfois valu d’arriver en retard à l’entraînement. "Je me souviens d’un jour où il s’était réveillé bien plus tard que d’habitude. Il était embêté car il savait qu’il allait se faire engueuler, alors il est allé frotter les mains sur la roue de secours de sa voiture. En arrivant à l’entraînement, il a voulu faire croire à son coach qu’il avait crevé sur l’autoroute mais, immédiatement, ses équipiers ont ri de lui : "c’est ça, tu es encore sorti !’ " rigole Jean.
"Il imitait Tomislav Ivic"
Dans un vestiaire, Jean-François Gillet assure l’ambiance. "Lorsqu’il a commencé au Standard, ses équipiers lui demandaient souvent d’imiter leur entraîneur, Tomislav Ivic. Il paraît qu’il le faisait très bien mais il n’était pas tout le temps au courant que son coach était juste derrière lui. Heureusement, il avait beaucoup d’humour" , rigole Jean Gillet. "Jean-François parle quelques mots de croate. Il a aussi un diplôme en anglais et se débrouille en néerlandais. Sans oublier l’italien. Je pense qu’il aurait fait un excellent traducteur."
"Il était perdu en arrivant en Italie"
À vingt ans, Jean-François Gillet a tout plaqué pour tenter la grande aventure en Italie. "Bordeaux nous avait téléphoné, mais la proposition s’est fait attendre trop longtemps. Le même jour, Monza s’est également manifesté. Nous l’avons laissé choisir, à la seule condition qu’il ne revienne pas après deux mois, la queue entre les jambes. Je voulais qu’il assume et fasse au moins une saison complète là-bas" , dit Jean, son papa.
Rapidement, le portier liégeois a accepté la proposition italienne. "Au début, ce n’était pas évident pour lui. Il ne parlait pas un mot d’italien et entendait des gens prononcer son nom sans savoir ce qu’ils disaient. À l’aéroport, il a même tél éphoné à l’un de ses copains en lui disant : ‘Dans quoi me suis-je engagé ?’ " , se souvient sa maman. "Il lui a fallu trois mois pour comprendre la langue et se débrouiller. Heureusement, il était tombé dans une ville assez jeune, où il y avait beaucoup d’universitaires. Je pense que cela a facilité son intégration."
"Difficile de ne pas voir nos petits-enfants"
Après plus de dix années dans la Botte , Jean-François Gillet a retrouvé la Belgique. Un déménagement qui a obligé sa famille à découvrir un nouveau cadre de vie. "Gianluca et Sebastian, ses enfants, regardent souvent par la fenêtre et disent : ‘acqua’ . C’est vrai qu’il pleut tout le temps" , sourit Martine. "Lorsque notre fils évoluait encore en Italie, nous allions lui rendre visite tous les deux ou trois mois. Ce n’était pas simple car nos petits-enfants nous manquaient. Aujourd’hui, c’est bien plus simple, à un point tel qu’ils ont du mal à quitter la maison lorsqu’ils viennent nous rendre visite."
Pour son épouse, Adrianna , un nouveau déménagement vers Liège sera une bonne nouvelle. "Elle ne maîtrise pas le néerlandais. À Liège, elle retrouvera les compagnes des amis de Jean-François et elle pourra faire plus facilement du shopping" , poursuit la maman. "Quand il est revenu en Belgique, on a vraiment eu l’impression qu’il était de retour chez lui. Tous ses amis ont eu ce sentiment. Aujourd’hui, il a retrouvé goût à la nourriture belge. Ce soir (NdlR: interview réalisée le mercredi 18 mai) , il vient manger à la maison et il m’a demandé un lapin-croquettes. C’est difficile d’en trouver en Italie…"